
Etienne Klein est physicien, directeur de recherches au CEA et docteur en philosophie des sciences. Il est professeur à l’Ecole Centrale de Paris et dirige le Laboratoire de Recherche sur les Sciences de la Matière du CEA (LARSIM).
Il a donné pour BOMA, un témoignage passionnant de son analyse de la crise actuelle en abordant différents thèmes.
Ci-dessous quelques réflexions.
- Le fait d’avoir du temps fait perdre la notion de temps. A contrario, le rythme qui nous est habituellement imposé nous rend synchrone avec le temps qui passe.
- L’épidémie va nous obliger à porter des masques. Mais elle est aussi révélatrice du monde et des hommes tels qu’ils sont et en ce sens, elle fait tomber les masques.
- Le confinement crée des habitudes, desquelles il sera difficile de sortir au final.
- Les murs empêchent de penser le futur (c’est notamment ainsi que s’expriment les prisonniers). L’enfermement spatial a donc un effet sur la perspective de notre réflexion et paradoxalement, il force à s’interroger sur le monde de demain.
- En général, une amnésie collective suit les périodes d’épidémies, avec la volonté de revenir au monde d’avant….Mais nous n’étions pas tous très à l’aise avec ce monde d’avant.
- La certitude qu’il y aura un monde d’après s’est implantée avec la catastrophe.
- Le confinement abîme la vitalité : une forme d’usure du corps et de l’esprit.
Etienne Klein décrit aussi très bien le conflit de temporalité qu’il y a entre les scientifiques qui reconnaissent ne pas savoir et ont besoin de temps pour mettre en place des méthodes afin d’obtenir des résultats et les politiques qui doivent décider dans l’instant…et donc en méconnaissance de cause.
Et souligne un phénomène décrit par Dunning Kruger : quand on est incompétent, on ne peut pas le savoir. Ou autrement formulé, le fait d’être incompétent…permet de tenir un discours de sachant.
- La personne incompétente tend à surestimer son niveau de compétence.
- La personne incompétente ne parvient pas à reconnaître la compétence de ceux qui la possèdent véritablement.
- La personne incompétente ne parvient pas à se rendre compte de son degré d’incompétence.
- Si une formation de ces personnes mène à une amélioration significative de leur compétence, elles pourront alors reconnaître et accepter leurs lacunes antérieures.